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HISTOIRE DE LA CERAMIQUE JAPONAISE


Au Japon, il existe quatre principaux types de poteries :

 

    • En faïence
    • En grès non émaillé
    • En terre cuite
    • En porcelaine émaillée
 

 

Les poteries émergèrent il y a plus de dix mille ans, pendant l'époque préhistorique. La majorité des poteries fabriquées au Japon, le furent pour des raisons utilitaires, mais elles étaient toujours d'un très bel aspect.

La poterie est un art ancien qui est devenu plus sophistiqué et d'un raffinement proche de la perfection de la porcelaine.


 

LA POTERIE ARCHAIQUE

Jomon

Au Japon, l'histoire de la céramique remonte à la nuit des temps et serait peut-être la plus ancienne du monde. En effet des tessons retrouvés sur l'Ile de Kyushu ont été datés grâce à la technique du carbone 14 et remonteraient à l'époque pré-Jomon (Vers 12000 avant J.C). Les origines de la culture Jomon (Vers 12500 – 12400 avant J.C), datent de la fin de la période glacière, c'est-à-dire à l'époque où le Japon était encore rattaché au continent asiatique. Des vestiges archéologiques de la culture Jomon ont été retrouvés dans pratiquement toutes les régions du Japon et les faïences cuites à basse température réalisées à cette époque témoignent d'une imagination et d'une créativité extraordinairement fertiles, mais aussi d'une évolution qui semble avoir emprunté des voies totalement distinctes de celles des cultures continentales.

 

Jomon

 

Ils produisaient des petits pots pour cuire ou conserver les aliments, ainsi que l'eau. Ils étaient réalisés en moulant des galettes d'argiles à la main ou en entassant successivement des boudins d'argiles en spirales (Technique encore beaucoup utilisée de nos jours). Le potier égalisait ensuite la surface avec ses mains mouillées ou en tapotant avec une planchette de bois ou de bambou. Puis le récipient était cuit dans un foyer ouvert. La faïence a le grand inconvénient de ne pas être imperméable, mais comme certains tessons de poterie de l'époque Jomon présentent des traces de laque, on peut supposer qu'elle était appliquée à l'intérieur des pots afin de résoudre ce problème. Les poteries furent ornées par impression dans l'argile crue. Le nom "Jomon" (Qui signifie "corde") fut choisit pour désigner cette culture, car un très grand nombre de pots présentent une surface finement nervurée, probablement obtenue en entourant l'argile d'une corde.

 

Jomon

 

Les innovations furent rares pendant cette longue période, mais à l'époque Jomon Moyen (Vers 3000 – 2000 avant J.C), du fait d'un réchauffement climatique, des sous-cultures se développèrent dans les montagnes et la sédentarisation favorisa la créativité. C'est à cette période que les décors sophistiqués firent leur apparition. L'utilisation des poteries devint plus rituelle que fonctionnelle.

 

Jomon

 

Vers 1500 avant J.C, les poteries du Jomon tardif, étaient décorées plus sobrement et les styles plus homogènes. Les premières théières à bec verseur firent leur apparition et quelques objets avaient été enduits avec de la laque ou ornés des pigments naturels. La dernière évolution en matière artistique consista dans des compositions de motifs à surfaces texturées bien délimitées.

 

 

Yayoi

Les poteries de l'époque Yayoi étaient également des faïences cuites à basse température et dont les formes étaient réalisées suivant la technique utilisant les boudins d'argile, assemblées en spirale. Mais elles étaient souvent achevées sur un tour et étaient généralement plus fines que celles de la période Jomon.

 

Yayoi

 

Des objets fonctionnels et rituels furent retrouvés et notamment de grandes pièces qui servirent d'ossuaire, d'urne funéraire. Ils étaient cuits à l'air libre et à relativement basse température, mais ce procédé était mieux maitrisé. Les poteries Yayoi possédaient des formes simples et élégantes, avec une ornementation plus subtiles. Les objets sont donc très différentes des objets flamboyant de l'époque Jomon.

On commence à percevoir la personnalité des artisans potiers. Ils utilisaient des pigments ocre ou rouge, mais la plus part du temps, les poeries possédaient des traces noire provoquée par les flammes.

 

Yayoi

 

 

Kofun

Les poteries relativement simples, utilisées à des fins domestiques et appelé "Haji" firent leur apparition à l'époque Kofun.

 

Kofun

 

Les objets de cette époque ressemblent dans une certaine mesure à ceux de l'époque Yayoi. Moins impressionnant d'un point de vue artistique, les Haji étaient suffisamment solides pour résister à la chaleur du feu sans se craqueler et furent fabriqués plus ou moins de la même façon jusqu'au 12éme, 13éme siècle, période à partir de laquelle, on préféra le métal pour les ustensiles de cuisine.

Cette époque est surtout connue pour ces superbes Haniwa (cylindre de terre cuite surmonté de figure humaine), d'animaux, de maisons ou d'objets que l'on déposait dans les tumulus en guise de rite funéraire.

 

Kofun

 

 

LES POTERIES DE LA PERIODE HISTORIQUE

 

Sueki

Pendant la dernière partie de l'époque Kofun, un nouveau type de céramiques, les Sueki, fit son apparition en s'inspirant très largement des poteries coréennes du royaume de Silla.

 

Sueki

 

Les premiers Sueki furent réalisés par des potiers coréens au Japon. Des potiers et des spécialistes des différentes techniques et se distinguérent des faïences plus anciennes par des températures de cuisson (Supérieures à 1100° C) qui, pour la première fois, rendaient les pots imperméables.

 

Sueki

 

 

Saiyuki

Au 8éme siècle, dans la région proche de Nara, l'ancienne capitale, on réalisa les premières poteries qui imitaient les poteries polychromes confectionnées en Chine sous les Tang. Dénomés Saiyuki, ces pots en faïence grisatre étaient cuits une premiére fois pour durcir l'argile, puis replacés dabs le four après application d'une ou plusieurs couche d'oxydes métalliques. on obtenait ainsi 3 couleurs, un vert, un brun doré transparent et un jaune pale, que l'on appliquait pour creer des poteries appelées Sansai.

 

Saiyuki

 

Ces pièces étaient placées dans un four assez simple surmonté d'une courte cheminée cylindrique dans lequel les flammes portaient la température entre 800 et 900° C. Ceci aurait évidemment été très insuffisant pour faire cuire des Sueki, mais cela suffisait pour transformer l'argile en faïence d'une qualité bien supérieure à celle des époques Jomon et Yayoi, et faire fondre les glaçures. Ces poteries étaient vraisemblablement utilisées à des fin cérémonielles.

Saiyuki

 

 

Sanage

Au 9éme siècle, un lieu privilégié, les pentes du mont Sanage, à l'est de Nagota, est le théatre de la transformation des Sueki. Tirant leur nom de ce site, les poteries de Sanage étaient cuites dans un four alimenté par du bois qui produisait moins de fumées, si bien que les poteries avaient une couleur plus claire que les Sueki, généralement gris foncé.

 

Sanage

 

Elles se dictinguent aussi par leurs formes variées, mais aussi par une glaçured'un vert presque transparent. Le résultat était obtenu en appliquant une mixture à base d'eau et de cendres avant la cuisson. Les potiers découvrirent également qu'en construisant un pilier séparateur au milieu du four tunnel, la chaleur pouvait être mieux réfractée. On pouvait ainsi crer une chambre beaucoup plus grande, enfourner d'avantage de pots et augmenter d'avantage la production.

 

Sanage

 

 

LES SIX FOURS TRADITIONNELS

Il serait certainement hatif de conclure que les célèbres Rokoyo, "les Six Fours traditionnels", furent les seuls à émerger et à s'inscrire dans la tradition des Sueki et des céramiques de Sanage. En fait plus de 30 centres ont été identifiés comme actifs durant la période des gouvernements militaires de Kamakura et de Muromachi, puis jusqu'à la période Momotama où le puissant shogunat s'éfforça d'unifier et de pacifier le pays. Leur célébrité est non seulement justifiée parce qu'ils produisaient en grandes quantités de superbes céramiques, mais aussi parce que la plupart fonctionnent encore de nos jours.

 

Anciens fours de Shigaraki

 

Pendant leurs premiéres années d'existences, ces centres se consacraient entièrement à la réalisation de poteries non vitrifiées, réservées à l'usage courant, comme la conservation des aliments, etc. Ces 6 centres accédèrent à un tel niveau de notoriété non seulement parce qu'ils étaient situés dans des régions où l'argile et le bois étaient disponibles en abondance, mais aussi parce que les artisans savaient gérer leurs affaires. Aujourd'hui, ils produisent encore des céramiques.

 

 

 

Seto

Le vaste ensemble de fours de Seto se développa à partir de l'un de plus anciens sites de production de Sueki et au 12éme siècle réalisait des objets en poterie recouverts de cendres végétales pour des usages courants. Depuis cette époque, la région est le plus grand centre de production de céramique de tout le pays et pendant fort longtemps, le lieu et les produits étaient tellement associés l'un à l'autre dans les esprits, que le mot Setomono (Objets de Seto) est encore le terme générique des céramiques.

 

Seto

 

Au départ les potiers de cette région cherchèrent à immiter les poteries chinoises de la dysnastie de Song. Rares et chères ces pièces ne sont utilisées que par l'aristocratie. Ils ne réussirent cependant pas à égaler leurs homologues chinois, mais à trouver des compromis satisfaisants et commencèrent à produire des objets, appelés plus tard Ko-Seto (Vieux Seto). Le site produisait des objet de la vie quotidienne et des objets rituels bouddhistes. La carctéristique des poteries Seto est cette glaçure transparente qui a l'aspect d'une feuille flétrie de couleur jaune, verte, brune ou noir.

 

Seto

 

 

Tokoname

Le complexe des fours de Tokoname se situaient sur la péninsule de Chita, dans la préfecture d'Aichi, au sud-est de Nagoya et était de loin le premier centre de production de céramiques pendant la période Kamakura et Muromachi, implantés à proximité d'un port, les ateliers bénéficièrent de la présence des navires marchands. A la fin de la période Heian, ces ateliers s'inspirèrent de la tradition de Sanage qui réalisait des grès cuit à très haute température.

 

Tokoname

 

Les premières pièces Tokoname datent du 12éme siècle et ces pièces étaient souvent de grandes dimensions. Des jarres à large col (En argile grossiere de couleur rougeatre), pouvant atteindre plus d'un métre de haut, furent retrouvées. La plupart des poteries Tokoname étaient confectionnées avec des boudins d'argile superposés en spirales sur un disque d'argile.

 

Tokoname

 

Certaines jarres à large col servirent d'ossuaire ou de sépulture destinées à conserver les reliques de prêtres bouddhistes. Les autres à col plus étroit, étaient utilisées pour la consrvation des aliments. la lévre rentrante de ces embouchures, permettait de sceller plus facilement l'ouverture et de protéger les précieux contenus des rats ou des insectes. Les potiers produisaient aussi de petits bols et de bouteilles à bec verseur réservé au Sake. Les poteries prenaient des couleurs allant du gris bleu, au vert en passant par le mordoré.

 

 

Echizen

De l'autre coté de l'ile où se trouve Tokoname, les fours d'Echizen sont situés à proximité de la mer du Japon. La pratique de la céramiques y est extrèment ancienne, comme en témoigne les pots de la période Jomon, les Haniwa de la période Kofun et les Sueki qui ont été mis à jour. Les fours Echizen furent créés vers la fin de la période Heian produirent des objets influencé par ceux de Tokoname, ce qui fait qu'on les confndent souvent.

 

Echizen

 

La plupart des poteries d'Echizen ne pas décorées et sont généralement de couleur brune (Oxyde de fer), avec des taches et des coulures spectaculaires. L'argile de bonne qualité et le bois à bruler sont présents en abondance dans la région. Les fours étaient situés à proximité du port de Shigaura et grace aux navires marchands, les potiers d'Echizen furent les principaux fournisseurs des communautés agricoles de la côte.

 

Echizen

 


Shigaraki

Non loin de Kyoto, l'ancienne capitale, à l'est du lac Biwa, dans la préfecture de Shiga, se trouve l'ensemble des fours qui produisent les grès dits de Shigaraki. Ce centre emergea vers le milieu du 13éme siècle, pendant la période Kamakura et à l'instar des autres fours médiévaux, il produisit des grandes jarres et des plats en forme de mortiers, très peu décorés et réservés à un usage courant.

 

Shigaraki

 

L'argile utilisée était riche en particules de quartz et de feldspath qui ne se mélangeaient pas avec les autres particules pendant la cuisson. Migrant vers la surface, elles créaient les fameuses Hoshi, ces blanches contellations qu'apprécient tant les connaisseurs. Si la température de cuisson dépassait les 1300° C, les particules créaient de minuscules cratères, un effet très recherché appelé Ishihaze (Eclat de pierre). L'argile de Shigaraki a une teneur en fer inférieure à celle utilisée dans les autres fours médiévaux et pendant la cuisson elle prend de belles couleurs allant du rouge au rose saumon.

 

Shigaraki

 

Les pièces produites dans ce four n'étaient pas considérées comme des oeuvres d'art, mais comme de simples ustensiles que les paysans utilisaient pour conserver les aliments. La conception et la façon de monter les pots étaient identiques aux autres centres. Nombre de poteries possédaient des imperfections, qui les rendaient majestueuses. Un moine et maitre de thé de Kyoto, Murata Shuko, les utilisaient pour ses cérémonies du thé. Les potiers commençérent ensuite à produire des bols, des pots, etc. destinés aux adeptes du thé.

Les poteries Shigaraki sont parmi les plus recherchées.

 

Shigaraki

 


Tamba

Les fours de Tamba, dans les montagnes de la préfecture de Hyogo, à l'ouest de Kyoto, n'ont jamais cessés de produire des poteries depuis la période Kamakura (Vers 1200). Le site produisit des Sueki, mais les premières poteries furent obtenues grace aux techniques de cuisson des grès dans un four tunnel "Anagama". Les jarres d'un vert vif, de cette périodes mesuraient de 35 à 45 cm de hauteur et étaient grossièrement décorées, elles servaient exclusivement à stocker des aliments pour l'hiver.

 

Tamba

 

La forme des poteries évolua peu, pendant la période médiévale, car les potiers innovaient fort peu. C'est pendant la période Momoyama que l'arrivée de nouveaux types de fours, favorisa de nouvelles formes et glaçures. Le sens artistique se développa grace aux relations avec les autres régions et les poteries Tamba furent peu à peu diffusées sur un marché plus vaste.

 

Tamba

 

Bizen

Contrairement aux poteries des autres grands centre de production, les poteries de Bizen furent ignorées pendant plusieurs siècles. C'est seulement à la fin du 16éme siècle que les maitres du thé reconnurent leur qualité, grace à leur couleur sombre et discrète. Situé à proximité d'Okayama, sur la mer intérieure, ce centre produisit des poteries dès la période Kofun, mais les objets que l'on considèrent comme caractéristiques de Bizen n'apparaissent qu'au 12éme siècle.

 

Bizen

 

Les poteries de Bizen sont assez différentes que celles produites dans les autres centres. De tailles plus petites, de formes différentes et de couleur rouge sombre. Riche en fer, visqueuse et épaisse, l'argile locale se prête parfaitement à une cuisson traditionnelle. Pourtant les potiers de Bizen considèrent qu'en cuisant les pièces à basse température pendant une longue période (Qui pouvait atteindre 60 jours), ils pouvaient obtenir des grès denses et lourds, donnant un aspect lisse et métallique.

 

Bizen

 

Au 16éme siècle, afin de satisfaire aus exigences des maitres de thé, on veille à maitriser ou réhausser ces qualités. La couverture caractéristique du Bizen, le Gomayu (Graines de sésame) résulte d'un dépot de cendres fondant à la cuisson. L'autre effet recherché était réalisé en entourant de paille, les pots, avant cuisson, qui en brulant laissait des traces rouges plus sombres, appelées "Hidasuki" (Bandes de feu).

 

Bizen

 

Pendant la période Momoyama, les potiers de Bizen deviennent de véritables virtuoses et réussissent à séduirent les riches adeptes de la cérémonie du thé. L'un des perfectionnements consiste à placer de petites tasses sur la surface de la poterie avant la cuisson. Les zones ainsi protégées obtiennent des couleurs originales. Ce résultat donnait des résultats impressionnants.

 

Seto et Mino

Vers la fin de la période Muromachi, les potiers de Seto s'installèrent dans la province de Mino (Actuelle province d'Aichi), afin d'échapper aux conséquences de la guerre civile. Sous protection militaire, ils créèrent de nouveaux fours et fabriquaient des grès émaillés et losque la paix survint, ils commencèrent à réaliser de nouvelles poteries, notamment les Shino et les Oribe.

 

Ki-seto

Ces nouveaux fours se spécialisèrent dans la réalisations d'ustensiles pour les cérémonies du thé. De nouveaux types de poteries apparurent à la fin du 16éme siècle. Elles étaient réalisées avec une argile blanchatre et arboraient des glaçures innovantes. Le nom d'Aburage ou de Ki-seto (Seto jaune) fut donné aux pièces de couleur jaune pale. La couleur noire des Setokuro était obtenue en retirant du four, les poterie à un moment précis. Les Aburage étaient de couleurs brune et verte et souvent décorés de motifs.

 

Ki-seto

 

 

Shino

Ces poteries de la fin du 16éme siècle, furent les premières à être décorées grace à l'application d'oxyde de fer. Selon la légende, elles doivent leur nom à Shino Soshin, un spécialiste de l'encens, connu à la cour du Shogun. Elles sont d'une couleur blanche légèrement craquelée et furent appelées Shino temmoku en hommage aux bols produits dans les fours chinois de Jizhou, sous la dynastie Song. Au début de la période Momoyama, les potiers produisirent des objets aux formes variées et réservés pour les cérémonies du thé. Une variante, appelée Horimisha, étaiet obtenue en enduisant le pot sec d'une barbotine et en incisant le motif.

 

Shino

 

 

Oribe

Les pièces de type Oribe furent produites à partir du 17éme siècle dans un nouveau type de four, à plusieurs chambres, introduits dans la région de Mino par des potiers de Karatsu, au nord de l'ile de Kyushu. Ces nouveaux fours plus efficace et plus facile à utiliser, donna un coup d'arrêt brutal à la production des Shino. Les Oribe doivent leur nom à Furuta Oribe, Maitre de thé et conseillé du Shogun Toyotomi Hideyoshi. Oribe adorait les motifs énergétiques et expressifs, ainsi que les formes asymétriques des objets portant son nom. Les Oribe sont réalisés dans de l'argile de couleur claire de Mino. Un grand nombre de dessins sont inspirés, comme sur les Shino par la flore et la faune locales, mais aussi par les Tsujigahana, ces tissus de soie somptueux, très prisés de l'élite militaire de l'époque. Il existe plusieurs type d'Oribe, les Shino-oribe de couleur blanche avec des motifs bruns, les Oribe noirs réalisés en appliquant une barbotine noire pour former des tâches et des trainées, souvent utilisés pour les bols de thé, les Oribe verts, recouverts d'une glaçure verte, avec des motifs peints à l'oxyde de fer, sont considérés comme les plus représentatifs de ces fours et les Oribe narumi, réalisés avec de l'argile riche en fer qui en cuisant prenaient une couleur rougeatre inhabituelle.

 

Oribe

 

 

Iga

Les fours d'Iga sont situés au sud du centre médiéval de Shigaraki, dans la préfecture actuelle de mie. Les potiers se limitaient à la réalisation d'objets usuels et utilisaient la même argile qu'à Shigaraki. C'est à la période Momoyama que les fours d'Iga acquièrent leurs lettres de noblesse et que suivant les conseils de Maitres de thé, les potiers réalisèrent des pièces pour le seigneur local et les esthètes de Kyoto. Les potiers furent connus surtout pour leurs Mizusashi (Pots à eau) et leurs vases à fleurs. Les poteries ressemblaient à celles produites à Shigaraki, mais avec des formes très différentes et décorées de lignes ciselées. Malgré l'aspect rustique et mal fini, les poteries d'Higa témoignaient d'un grand raffinement et d'une beauté qui ne pouvaient être apréciés à leur juste valeur uniquement dans le contexte de leur utilisation d'origine, notamment dans l'univers réffiné des Maitres de thé.

 

Iga

 

 

Raku

Beaucoup moins anciens que les autres, le four de Raku, à Kyoto, fut créé vers 1580 ar un potier dénommé Chojiro (un simple fabricant de tuiles), sous la direction et conformément aux conseils du Maitre de thé Sen no Rikyu. Les pièces de Raku, sont principalement des bols à thé et occasionnellement, d'autres accessoires spécialement conçus pour les cérémonies. Ce sont des grès cuits rapidement de façon à ce que le corps en argile demeure poreux et léger, puis enduit d'une couverte légèrement brillante, généralementnoire ou rouge. Les bols noirs de Raku étaient très prisés car ils mettaient en valeur la couleur verte du thé et conservaient le breuvage bien au chaud, sans se bruler les mains.Les fours et les potiers de Raku furent longtemps protégés par des Maitres de thé et la fabrication perdure encore de nos jours.

 

Raku

 

Karatsu

Karatsu est le nom donné à un ensemble de fours situés sur la cote nord de l'ile de Kyushu. Créés vers le 16éme siècles, ils acquièrent leurs lettres de noblesse lorsque les potiers Coréens immigrent au Japon. Après la tentative infructueuse du Shogun Hideyoshi visant à envahir la Corée. Ces potiers importèrent avec eux les tour à pied et les fours à gradins divisés en plusieurs chambres (Noborigama), ce qui révolutionna la fabrication des céramiques, d'abord dans l'ouest du Japon, puis dans l'ensemble de l'archipel. Situés à proximité d'un port, les fours de Karatsu bénéficièrent du développement de la navigation cotière. Au départ les potiers de Karatsu se limitèrent à la fabrication de objets usuels plus petits que la moyenne, influencés par les techniques des potiers Coréens et destinés aux paysans. C'est à la période Momoyama, que les Maitres de thé eurent un intérêt pour ces poteries et grace à leurs conseils, les potiers purent réalisés tous les ustensiles nécessaires pour les cérémonies du thé. L'argile granuleuse de couleur brun foncé utilisée, permet de réaliser des pièces très légère, enduits d'une glaçure verte et sans décor. Les E-karatsu (Karatsu peints) attirèrent les esthétes du thé en raison des motifs dans les tons de brun. Un des fours de Karatsu fut protégé par la famille du Daimyo local et se spécialisa dans la fabrication d'objets de grande qualité, destinés à l'aristocratie. Les motifs de décoration étaient inspirés par la nature du nord de Kyushu. Une autre variété, dénommée Chosen-karatsu (Karatsu de style Coréen) était très appréciée des Maitres de thé.

 

Karatsu

 

 

Takatori

Outre les fours de Karatsu, d'autres centres bénéficièrent de l'influence des potiers Coréens. Le premier four de Takori fut créé à la fin du 16éme siècle par des Coréens, à l'initiative du seigneur de la province de Chikuzen et un second commença à fonctionner quelques années plus tard. Ils produisirent des pièces d'usage quotidien, ainsi que des pièces proches du style Chosen-karatsu. Les poteries de ce centre attirèrent l'attention de Kobori Enshu, le célèbre Maitre de thé de Kyoto et c'est sous son influence artistiques ques les pièces prirent un nouvel aspect en adoptant des formes sophistiquées adaptées spécialement pour les esthétes de la cérémonie du thé. Ces accessoires pour les cérémonies du thé étaient du qualité nettement supérieure car les potiers utilisaient de l'argile plus fine.

 

 

Takatori

 

La plupart de ces centres ainsi que plusieurs ateliers spécialisés dans la fabrication des objets pour les cérémonie du thé commençèrent à décliner pendant la première partie du 16éme siècle, car une évolution fondamentale se produisit au nord de Kyushu, l'invention de la porcelaine.

 

La naissance de la porcelaine

Selon la légende, ce serait Yi Sam-p'yong (Décédé en 1655), un immigrant Coréen, qui aurait découvert les gisements de kaolin (L'argile blanche qui entre dans la fabrication de la porcelaine), dans la région du mont Izumi, au nord de Kyushu, cers 1615.

Cependant des objets imitant les Céladons et les piéces bleues et blanches des styles Chinois ou Coréens, fabriqués vers le début du 17éme siècle, furent mis à jour. Des centres de production devaient donc exister avant cette date. La première différence entre la porcelaine et les poteries en grès, tient à la température de cuisson, car à plus de 1300°C, les fines particules de kaolin se transforment en une porcelaine dure et dense.

 

Porcelaine Karatsu

 

Arita

Les objets les plus anciens n'étaient pas d'une grande finesse et il fallu attendre 2 décennies supplémentaires pour que les ateliers produisent les pièces aux parois minces et aux formes élégantes, qui les rendirent célèbres dans le monde entier. Le premier centre de production fut installé dans la région d'Arita, dans la province d'Hizen, actuelle préfecture de Saga. A proximité se trouvait le port d'Imari et avec le développement du commerce extérieur, cette petite ville devint le point de départ des navires chargés de poteries d'Arita.

Les pièces étaient petites car les potiers ne maitrisaient pas les techniques permettant d'éviter l'affaissement. Et pour la première fois au Japon, les pots furent décorés avec de la peinture au bleu de cobalt, à la manière des porcelaines de Chine de l'époque Ming. Au milieu du 17éme siècle, un potier d'Arita, Sakaida Kizaemon (Kikaemon) aurait appris d'un Chinois vivant à Nagasaki, toutes les techniques permettant de décorer un ogjet en intégrany des émaux de couleurs dans la surglaçure.

Ces techniques de fabrication ne furent pas dévoilées et restaient donc secrètes afin que les fours de Kikaemon conservent le monopole des objets polychromes. Ces nouvelles céramiques étaient cuites en plusieurs fois. Pour donner encore plus de profondeur aux décors, les potiers mélangeaient de la poudre d'or aux émaux.

 

Arita

 

 

Kutani

Trois types d'objets produits dans les ateliers d'Arita ont des caractéristiques particulières, les pièces de Kutani, de Kikaemon et de Nabeshima. Les Kutani furent probablement fabrités à Arita. Les pièces de Kutani se distinguent par des couleurs des émaux et des surglaçures utilisées (Vert, pourpre, jaune, bleu et noir).

Les premiers fours de Kutani arrêtèrent de fonctionner vers la fin du 17éme siècle. Pourtant certains ateliers fabriquaient des pièces dites de Kutani au début du 19éme siècle dans la région d'Ishikawa et sont encore en activités de nos jours.

 

Kutani

 

Kakiemon

Les Kakiemon sont des pièces de porcelaine blanche sur lesquelle étaient dessinés des motifs en sous-glaçure bleue à base d'émaux. Elles furent crées vers la moitié du 17éme siècle par Sakaida Kizaemon, particulièrement expert dans les pigments des la terre. L'un des ces pigments de couleur jaune (comme celle du Kaki, fruit), qui donna le nom au Kakiemon.

Les nouveaux émaux devinrent tellement célèbres que Sakaida Kizaemon prit le nom de Kamiemon, patronyme que ses descendants ont conservé jusqu'à aujourd'hui. Les céramiques Kakiemon se distinguent par leur décor extrèmement raffiné et généralement asymétrique. Pendant la seconde moitié du 17éme siècle, de nombreux Kakiemon furent exportés en Europe où les potiers locaux tentèrent de les imiter.

 

Kakiemon

 

Nabeshima

Les plus belles porcelaines d'Arita furent fabriquées dans les fours de Nabeshima, placés sous l'autorité du seigneur local du même nom. Elles étaient destinées aux seuls membres de son entourage, au Shogun et à l'aristocratie. Au départ installés proche des gisements de kaolin, les ateliers furent déplacés dans des coins reculés et montagneux, afin que les potiers puissent travailler en toute tranquilité, sans être distraits.

Les potiers étaient rigoureusement recrutés pour leur compétence et devaient veiller à conserver les secrets de fabrication, ils étaient aussi très bien payés et les plus doués pouvaient parvenir au rang de Samourai et porter des armes. Les fours produisirent des pièces d'une qualité exceptionnelle jusqu'à l'ére Meiji, mais leur apogée artistique se situe pendant les 40 premières années du 18éme siècle. Les Nabeshima étaient fabriqués par service de 5, 10 ou 20 pièces. Les pièces étaient ornées de décors très sophistiqués peints en sous-glaçure bleue, inspirés des motifs des textiles de l'époque. Pour réaliser ces décors complexes, les potiers dessinaient le motif sur du papier avec une encre spéciale.

Ensuite, ils plaçaient le dessin face à la surface sur laquelle le motif devait être peint, frottaient sa surface et transferaient l'encre sur la porcelaine. Le même papier pouvait être réutilisé pour reproduire à loisir, le même motifs sur plusieurs pièces. Les motifs ainsi tranferés étaient ensuite peints avec du bleu de cobalt, avant cuisson. Comme les Nabeshima furent fabriqués en très petites séries, ils sont extrèment rares et à la différences des autres objets d'Arita, ne quittaient leur destination que losque les acquéreurs décidaient de les offrir à des relations.

 

Nabeshima

 

 

Céramiques de la période Edo

Au 17éme siècle, la découverte des techniques permettant de réaliser des décors polychromes, eut des répercussions sur l'ensemble des centres de production du pays. Le gout des Maitres de thé de la période Momoyama pour les objets simples et discrets semblait s'effacer devant les effets décoratifs que l'on pouvait obtenir grace aux puissantes couleurs des émaux.

A Kyoto, des potiers de plusieurs centres commencèrent à fabriquer des grès appelés Kyoyaki (Poteries de Kyoto) à couverte transparente de couleur jaunatre et de texture craquelée. Les couleurs les plus souvent utilisées étaient le bleu, le vert et l'or et les motifs représentaient des fleurs et des plantes. Les Kyoyaki pouvaient prendre la forme d'objets réalisés dans d'autres matériaux, tel des éventails ou des seaux d'eau par exemple.

Les décors complexes permattaient aux potiers de laisser libre cours à leur sens artistique. Pour la première fois, les célèbres potiers de Kyoto furent associer à leurs créations au moyen de leur signature ou d'un cachet apposé sur la poterie.

 

Porcelaine d'Arita

 

Nonomura Ninsei

Nonomura Ninsei fut l'un des premiers artisans du 17éme siécle à créer des Kyoyaki. Il réalisa d'abord des accessoires pour les cérémonies du thé, puis des objets marqués par l'esthétique Shibui et enfin par des pièces ornées de motifs à base d'émaux de couleurs, d'or et d'argent.Il adapta librement des sujets empruntés aux écoles Kano et Rimpa qui bénéficiaent d'une grande renommée à cette époque.

 

Bruleur d'encens (Koro) réalisé par Nonomura Ninsei

 

Ogata Kenzan

Une génération plus tard, 2 frères occupèrent rapidement le devant de la scène artistique de Kyoto. Ogata Kenzan travaillait souvent en collaboration avec son frère ainé, Ogata Korin qui était l'un des plus célèbres peintres de l'école Rimpa. Kensan se chargeait de la réalisation des céramiques et Korin peignait les motifs. Les décors et les peintures étaient simples, avec des émaux de couleurs, qui peuvent les faire paraitre banales mais qui témoignaient d'un grand sens artistique.

 

Bruleur d'encens (Koro) réalisé par Ogata Kenzan

 

 

Parallèlement à la véritable révolution que suscita l'émergence de la polychromie à Arita et à Kyoto, un grand nombre de fours furent créés dans les campagnes, mais disparurent pendant la restauration Meiji, car ils étaient incapables de résister aux grands centres de production.

Les 6 fours traditionnels abandonnérent peu à peu les objets pour les cérémonies du thé, afin de privilégier les pièces ornées de motifs en couleurs. Petit à petit les anciens fours se remirent en activité pour refaire les objets qui les avaient rendu célèbres. Les fours de Seto de distinguèrent par la production d'assiettes peints " E-zara" et de petites assiettes "Ando-zara" destinées à recueillir l'huile des lanternes.

 

Four de Bizen

 

A Kyushu, un nombre de fours furent établis au nord et à l'ouest de l'ile.Sans formation artistique, les potiers qui fabriquaient des poteries s'inspiraient de ce qu'ils voyaient autour d'eux. Les fours de Shodai, dans la préfecture de Kumamoto furent fondés au 17éme siècle, par 2 potiers utilisant les techniques des potiers Coréens adaptées aux gouts des Japonais et qui avaient quitté Agano.

Les fours de Kyushu fabriquaient habituellement des pièce sombres qui contrastaient avec celles des fours d'Arita, à base de kaolin, qui s'adressaient à une clientèle plus aisée. Certains fours de Satsuma, créaient des moulages dont on décorait les poteries avant des les enduire de glaçure. Des fours furent créés sur l'ensemble de l'archipel et avaient pour vocation de satisfaire la demande locale.

 

Outils traditionnels des potiers Japonais

 

Au cours de ces 130 dernières années (Restauration Meiji) nombres d'entre eux cessèrent leur production au profit de centres mieux organisés. Cependant le 20éme siècle a assisté à un regain d'intérêt pour la poterie artisanale lié au développement du mouvement Mingei (L'art du peuple) initié par Yanagi Kajiro. Inspirés par la philosophie, certains potiers comme Shoji Hamada, se consacrérent à transformer des objets d'usage courant en véritables oeuvres d'art.

Au nord de Tokyo, dans le village de Mashiko qui devint un centre de production de poteries, de nombreux artisans du mouvement Mingei, décidèrent d'y vivre et d'y travailler. Mashiko démontre aujourd'hui que les artisans traditionnels sont toujours vivants

 

 

La fabrication des poteries japonaises

 

 

Les outils traditionnels des potiers Japonais

 

 

L'art de la ceramique japonaise par Matsui KOSEI

 

 

Façonnage sur un tour de potier

 

 

Façonnage par superposition de boudins d'argile

 

 

Mise en forme d'un bol pour le Chado (Cérémonie du thé)

 

 

Réalisation d'une jarre

 

 

Pour la peinture sur porcelaine,

les mouvements du pinceau doivent être très précis

 

 

LE MOMENT TANT ATTENDU DE LA CUISSON

En cette fin d'après-midi encore clémente du début de l'automne, un temps qui devrait être favorable au programme de cuisson, la tension et la fébrilité sont presque palpables lorsque les apprentis entassent les branches de pin rouge devant le four.

 

Four d'Anagama

 

Invités à prendre le thé dans la maison en toit de chaume du potier, nous remarquons qu'une branche de Sasaki (Arbre sacré) est en train de brûler dans l'âtre, afin de purifier les lieux et de disperser les mauvaises influences que les étrangers ont peut-être apportées. La conversation est cordiale mais brève, et lorsque l'obscurité commence à tomber, tout le monde se rassemble à l'extérieur dans la perspective des longues heures de travail.

Tout près, entouré de grands bambous, le long four recouvert d'argile est blotti dans un abri de tôles ondulées, comme une bête féroce tapie dans sa tanière. Il a déjà été rempli de récipients de toutes formes et de toutes dimensions, résultant de plusieurs mois de labeur.

 

Le four est rempli, la porte sera condamnée

jusqu'à la fin de la cuisson

 

Sur le toit incurvé, on a placé une branche de Sasaki vert vif, un verre d'eau et l'une des premières Tangerines (Un agrume dont le fruit est très proche de la mandarine) de la saison, comme autant d'offrandes à une divinité capricieuse.

Le petit bois est allumé par la bouche du four et le feu, alimenté par les bûches pendant plusieurs heures, sèche les parois et les poteries et fait grimper la température jusqu'à ce que l'intérieur soit d'un rouge incandescent. La bouche est alors scellée avec des briques et de l'argile humide, puis aspergée de quelques gouttes de Sake en guise de rituel. La bienveillance de la divinité protectrice du four est invoquée par des prières et à partir de ce moment là, plusieurs paramètres, tel que l'humidité, la qualité du bois, la température et la rapidité d'alimentation, entrent en ligne de compte et peuvent déboucher, soit sur un succès, soit sur un échec.

 

Le feu est ensuite allumé et entretenu

 

Mis à part quelques petits sommes pris à tour de rôle, les apprentis travaillent sans relâche car le four doit être surveillé et alimenté sans interruption jusqu'à la fin de la cuisson. D'abord enfourné par l'extrémité inférieure, le bois est maintenant placé dans les chambres supérieures grâce à des ouvertures latérales que l'on prend soin, ensuite, de bien refermer.

Petit à petit, l'intérieur atteint la température de 1300 degrés centigrades. A une telle température, les cristaux que contient l'argile entre en fusion et donnent aux céramiques leur aspect résistant et vitrifié caractéristique. Les oxydes se liquéfient, et se mêlant aux particules de cendres charriée par la férocité du feu, coulent sur les poteries. Le potier peut ouvrir ou fermer différents conduits afin de modifier les courants d'air et la température, et chacun de ses gestes a une incidence sur les couleurs et l'aspect des surfaces. Des flammes puissantes s'échappent de toutes les ouvertures, comme le râle terrifiant d'un dragon à plusieurs têtes.

 

Les poteries en pleine cuisson

 

Quelque chose de magique se produit à l'intérieur : la cuisson peut tout détruire et laisser derrières elle une affreuse série d'objets difformes, ou redonner aux particules de pierres érodées pendant des millions d'années leur aspect rocailleux originel. L'expérience du potier lui permet parfois de juger, à la forme des flammes et aux nuances des pierres chauffées à blanc, quel est le meilleur moment pour cesser d'alimenter le feu et laisser le four refroidir.

 

Le Maitre potier surveille toute la cuisson

 

Cependant, les maitres les plus habiles ne sont pas infaillibles et le résultat peut dépendre aussi du bon vouloir de la divinité. Les potiers peuvent ensuite se reposer, tuer le temps pendant un jour ou deux, jusqu'à ce moment tant attendu où ils découvrent ce que le four a engendré.

Chacun des pots est retiré, trié, lavé et examiné. Cette fois, les prières ont été exaucées : le nombre de pièces inutilisables est négligeable et celles que l'on pourra vendre sont suffisamment nombreuses pour espérer tenir jusqu'à la saison suivante..

 

Les poteries cuites sont sorties du four

 

 

STYLES DE POTERIES JAPONAISES

 

 

Arita-yaki ou Imari-yaki – Produit dans la préfecture de Saga. Introduite par des potiers coréens au début de la période Edo.

Bizen-yaki – Produit dans la préfecture d'Okayama. Également appelé Inbe-yaki. Une poterie brun-rougeâtre originaire du 6éme siècle.

Hagi-yaki – Produit dans la préfecture de Yamaguchi. Parce que cuite à une température relativement basse, elle est fragile et transmets rapidement la chaleur de son contenu.

Karatsu-yaki – Produit dans la préfecture de Saga. La poterie la plus produite du Japon occidental. Originaire du 16éme siècle. Grandement influencé par les potiers coréens.

Kutani-yaki – Produit dans la préfecture d'Ishikawa.

Mino-yaki – Produit dans la préfecture de Gifu. Comprend Shino -yaki, Oribe-yaki, Setoguro et Ki-Seto.

Onda-yaki – Produit à Kyushu. Produit par des familles de pères en fils. La production s'effectue toujours sans électricité.

Raku-yaki – Produit dans la préfecture de Kyoto. Il y a un proverbe de la hiérarchie des modèles en céramique utilisés pour la cérémonie du thé : "D'abord, Raku. En second lieu, Hagi. Troisièmement, Karatsu".

Ryumonji-yaki – Produit dans la préfecture de Kagoshima. Commencé par les potiers coréens il y a quatre cents ans.

Satsuma-yaki – Produits dans l'ancienne province de Satsuma, aujourd'hui préfecture de Kagoshima et dans d'autres régions.

Seto-yaki – Produit dans la préfecture d'Aichi, la poterie japonaise la plus produite. Parfois le terme Seto-yaki (ou Seto-mono) est utilisé pour indiquer n'importe quelle poterie japonaise. Voir dans ce style la porcelaine Noritake.

Shigaraki-yaki – Produit dans la préfecture de Shiga. Un des style les plus vieux du Japon. Célèbre pour ses poteries de Tanuki.

Souma-yaki – Produit dans la préfecture de Fukushima. Une image d'un cheval (Uma ou Koma), qui est très abondant dans cette région, est le motif habituel. Ainsi, il est parfois appelé Soumakoma-yaki .

Tamba-yaki – Produit dans la préfecture de Hyogo. Également appelé Tatekui-yaki. Une des six sortes les plus vieilles au Japon.

Tokoname-yaki – Produit dans la préfecture d'Aichi. Souvent des vases à fleur, des bols à riz et des tasses à thé.

Tobe-yaki – Produit à Shikoku. Souvent de la vaisselle bleu-cobalt.

Yokkaichi-Banko-yaki – Produit dans la préfecture de Mie. Souvent des tasses à thé, des théières, des bases à fleur et des services à Saké. Originaire du 19éme siècle.

 

 


COMMENT DATER UNE POTERIE JAPONAISE ?

Le domaine de la céramique japonaise s'étend sur plus de 8.000 ans. Les anciennes poteries Japonaises, connues sous le nom poteries Jomon, étaient réalisées avec des boudins d'argile assemblés en spirale. Elles avaient un aspect tissé et non émaillé. A partir de là, les dates des céramiques japonaises peuvent facilement déterminées en mettant l'accent sur les différents styles.

 



1. Il faut savoir que le style Kakiemon est tiré du nom d'une famille de potiers dont la palette de couleurs inclus le bleu, le rouge et le jaune. Cependant, ce nom fut utilisé pour toutes les pièces décorées intégrant la palette familiale, même si la famille n'avait rien à voir avec leur création. Sur la fin du 17ème siècle, ce style de décoration fut utilisé sur des bocaux, des couvercles et autres pièces de ce style, ce style servait parfois à faire refléter une vision européenne de l'Orient.

2. Sachez que les poteries Imari sont appelées de la sorte, d'après le nom des ports d'Imari et de Kakiemon, d'où elles étaient exportées. Les poteries Imari sont plus nombreuses que les Kakiemon, et elles sont aussi associées à une palette de couleurs qui comprend le rouge émaillé, le bleu et l'oxyde de fer. Les couleurs d'émail noir, vert ou jaune peuvent également être utilisées sur les vases Imari et sur d'autres pièces.

3. Considérons que les poteries Nabeshima furent réalisées, dans le début du 18e siècle, pour les seigneurs d'Hizen et conçues comme un hommage pour le Shogun. Une technique de couleurs contrastantes fut utilisée sur les plus belles pièces, et sur lesquelles ont retrouvaient des dessins de couleurs bleu, ainsi que des émaux translucides. Les pièces typiques étaient constituées de soucoupes à pieds coniques. Des plats cassés, de type Nabeshima furent trouvés, ils avaient été réparé avec de la laque d'or, attestant de la valeur accordée à ces pièces par leurs propriétaires.

4. Il faut se souvenir qu'au Japon, les réformes débutèrent pendant l'ère Meiji (1868 à 1912), et que de grandes quantités de poteries Imari furent créées pour l'exportation vers l'Occident. Les pièces produites en série comprenaient des dessins de couleur bleu réalisés avec des pochoirs. Cette technique fut considérée comme étant d'une qualité inférieure par rapport à l'impression par transfert sur les poteries datant des années 1760.

5. Sachez qu'en 1900, les styles de poteries Makusu Kozan, marqua un retour de la peinture bleue par transfert de la fin du 17éme siècle. Les pièces furent produites pour l'usage domestique et pour l'exportation. En outre, l'usine Fukaqawa fut connue pour utiliser avec succès, une gamme de couleurs avec des décors appliqués.

6. Familiarisez-vous avec la céramique japonaise en étudiant les livres consacrés au sujet. Il existe de nombreux styles de poteries japonaises, et certains sont liés à une certaine zone, tandis que d'autres sont reliés à une famille ou à une personne. Néanmoins, tous les styles sont classés de la même manière.

 

 

COMMENT IDENTIFIER UNE POTERIE JAPONAISE ?


Le Japon possède une longue histoire et est reconnu comme un producteur de poterie allant du simple plat en terre cuite, au vase en porcelaine richement peints. Les poteries antiques japonaises attirent un grand nombre de collectionneurs qui sont attirés par une combinaison subtile de forme et de fonction. Bien que la poterie japonaise représente une tradition couvrant des centaines de milliers d'années, l'identification des poteries japonaises n'est pas difficile, si vous savez comment et où chercher.

 

Divers styles de poteries Japonaises



1. Vérifiez que la poterie possède l'inscription correspondante au "pays d'origine". Les poteries japonaises importées aux États-Unis entre 1890 et 1921 sont estampillées "Japon" ou "Nippon". Le nom du pays d'origine est généralement imprimé sur le fond de la pièce, les poteries peuvent être estampillées à l'intérieur, ou sur le dessous. Si la pièce a été faite avant 1890, ou n'a pas été destinée au marché américain, il se peut qu'elle ne porte aucune marque quant à l'origine du pays.

 

Kanji du nom du potier ou du lieu de fabrication

 

2. Trouvez la marque du fabricant. La marque du fabricant, qui est aussi généralement situé sur le fond de la pièce, vous donnera le nom exact du fabricant ou le lieu de production, où fut créé la poterie. Il existe plusieurs annuaires en ligne avec des annonces détaillées des fabricants japonais qui peuvent vous servir de référence.

 

Sceau du potier ou du lieu de fabrication



3. Consultez un guide des styles, si la pièce ne comporte pas la marque de l'usine, ou si elle possède une marque que vous ne pouvez pas identifier. Malheureusement, il est rarement possible de procéder à l'identification définitive d'une poterie japonaise, qui est uniquement basée sur ses caractéristiques de style, mais vous pouvez toujours déterminer la période et la région où elle a été faite. Le livre " Manuel de la céramique japonaise " est une excellente référence pour les comparaisons stylistiques.

 

 

Les Trésors vivants Nationaux : Certains des plus Grands Maitres potiers du Japon

 

Maitre Shukai Kagami

 

Maitre Shukai Kagami

Shukai Kagami (1941-2009*) Né à Mino, fils d'un prêtre bouddhiste, Kagami reçu une éducation formelle dans un collège bouddhiste de Tokyo. Cependant, son intention n'était pas de devenir un prêtre Bouddhiste, mais d'élargir ses connaissances. Son principal centre d'intérêt était la poterie. Après ses études, Kagami chercha une formation dans une école de céramique à Gifu. Deux ans plus tard, il fut pris comme apprenti auprès du Maître potier Kato Kobei pour une durée de trois ans et demi. En 1969, il construisit seul son propre four et commença sa carrière. Kagami conçut son four Anagama spécifiquement pour la fabrication des poteries de types Shino et Ki-Seto.

Parmi les quatre célèbres émaux de style ancien (Le Shino, l'Oribe, le Seto Jaune et le Seto Noir), le Seto Jaune est le plus difficile à maîtriser. Il existe plusieurs façon afin d'obtenir un bol Seto avec la bonne couleur jaune. L'appellation "Abura-age-de" se réfère à une épaisse glaçure jaune mat appliquée avec une texture froissée. Ce style était vénéré par les Maîtres de thé et par les collectionneurs de l'époque Momoyama. L'appellation "Tamba" est utilisée pour les poteries dont la surface jaune contenait des projections de cuivre, qui donnait une couleur verte. Ces projections devraient paraître naturelles. L'appellation "Koge" se réfère à des traces de brûlures brunes qui permettaient d'obtenir des différences distinctives pour les bols réalisés à l'unité.

De nombreux potiers de renom, y compris Maître Tokuro Kato, essayèrent de reproduire l'Abura-age-de. Toutefois, personne pendant plus de vingt ans ne fut en mesure de reproduire cette finition, jusqu'à ce que Shukai Kagami retrouve la technique de mise en œuvre.

Selon Kagami, la clé d'une bonne finition Seto jaune est dans la cuisson et la cuisson au feu de bois correcte est primordiale. Ash affecte directement la beauté de jaune Seto. Actuellement, Kagami est probablement le meilleur céramiste capable de reproduire le style "Abura-age-de".

En plus d'être céramiste, Kagami est aussi historien et archéologue. Il procéda à des fouilles sur les sites des anciens fours et recueillit des données sur des tessons de poterie et d'argile. Ses recherches lui ont valu une reconnaissance et une récompense en 1979.

* Shukai Kagami est décédé dans un tragique accident.

 

 

 

Maitre Yuho Kanishige

 

Maitre Yuho Kaneshige

Yuho Kaneshige est né en 1950 à Bizen dans une famille ancrée dans la tradition de la poterie. Son père, Sozan Kaneshige (1909 - 1995), était un maître bien connu de "Cha-to" (Maitre potier pour les ustensiles de la cérémonie du thé). L'oncle de Yuho, Toyo Kaneshige (1896 - 1967), a été désigné comme Trésor National Vivant en 1956. Yuho Kaneshige a étudia la sculpture au Collège des arts de Musashino à Tokyo, puis commença à faire de la poterie avec son père à Bizen. Après la mort de son père, il continua dans l'atelier de son père, à faire perdurer la tradition et son héritage familial pour la création de poteries.

Les bols à thé, étaient la passion d'Yuho Kaneshige. Son travail est fortement influencé par sa philosophie. "Boire du thé est un acte ordinaire dans la vie de tous les jours. Un bol à thé de bonne qualité permet de faire couler le thé naturellement dans votre bouche. Boire dans un tel bol, vous donne une senssation agréable et naturelle, comme si vous buviez de l'eau d'un étang."Yuho Kaneshige estime que si la forme extérieure du contenant est importante, l'espace intérieur l'est encore plus. Quand il jette l'argile sur le tour de potier, il se concentre sur la façon de maintenir un équilibre entre les mouvements internes et externes. "Comme une créature vivante, la poterie a un corps extérieur et un esprit intérieur. Si j'apporte trop d'attention à la forme extérieure, aucun esprit n'existera à l'intérieur. Le Corps et l'esprit, sont tous les deux complémentaires."

Kaneshige suggéra qu'un moyen de parvenir à un tel équilibre est de ne pas surcharger son travail avec sa propre individualité, mais de laisser l'argile montrer sa personnalité. En laissant de côté les techniques inutiles et de saisir l'essentiel, il faut laisser ressortir l'essence de son travail. Grace à cette philosophie, les bols à thé de Yuho Kaneshige sont totalement dépourvus de prétention. Chaque bol dégage une aura distincte, de confiance tranquille et d'une noble beauté. Kaneshige considère que le bol à thé est la plus sensuelle des poteries. "Toucher le bord d'un bol à thé, c'est comme embrasser. Si vous vous sentez bien, c'est un bon bol de thé!"

 

 

 

Maitre Tadashi Nishibata

 

Maitre Tadashi Nishibata

Niché dans une belle vallée le long de la rivière Shitodani qui traverse les hautes montagnes du nord-ouest de Kyoto se trouve le pittoresque village de Tachikui, le centre historique de la poterie Tamba. Depuis l'époque Kamakura (1180 - 1230), le sol riche en fer de cette région supporta des générations d'agriculteurs et d'artisans. Ce cadre paisible est le foyer de certaines des plus belles céramiques au monde.

Tadashi Nishihata (né en 1948) vécut dans ce village durant toute sa vie. Il a surmonté des difficultés considérables pour s'établir lui-même comme Maitre potier fabriquant les "Cha-to" (Les ustensiles pour la cérémonie du thé), puisque historiquement Tamba n'était pas un centre de production de Cha-to. C'est peut-être pour cette raison, que Nishihata eut plus de liberté pour développer son style. En conséquence, ses bols à thé sont très distinctifs.

Nishihata trouve son inspiration dans la nature. Chaque hiver, le vent d'ouest soufflant de la mer du Japon, apporte de la neige dans les montagnes autour de Tamba, transformant la vallée en un paysage de rochers et de forêts givrées. Quand le printemps arrive, la terre noire émerge sous la neige et la vallée éclate en un arc en ciel de couleurs. Les bols à thé cuits au feu de bois, de Nishihata capturent les paysages changeants. Il utilise différentes formes comme "Mentori" (A facettes), "Ryo-sen" (Crête) et qui transforment ses morceaux de glaise en œuvre d'art spectaculaire qui reflètent les paysages changeants autour de sa maison. En plus des bols à thé, Nishihata est largement reconnu pour ses belles boîtes à thé.

 

 

 

Maitre Kazu Yamada

 

Maitre Kazu Yamada

Né dans une famille de potiers, à Tokoname, l'un des six plus anciens centres de poterie du Japon, Kazu Yamada (Né en 1954) s'est intéressé à la poterie ancienne. Sa carrière a été marquée par des rencontres avec plusieurs personnes particulièrement influentes. Quand il avait 15 ans, il travailla avec un groupe de potiers qui construisit un grand stand de céramique pour l'exposition au Hall d'Osaka. Parmi les potiers, se trouvai un potier de renommée internationale "Ryoji Koie". Pour la première fois, Yamada réalisa l'énorme potentiel créatif de la poterie, et décida de devenir un potier.

Yamada s'inscrit au Collège d'Art d'Osaka, et fut fortement influencé par un de ses professeurs, le célèbre céramiste Osamu Suzuki. Pendant tout ce temps, il n'étudia pas la poterie dite traditionnelle et s'intéressa à la sculpture et aux formes architecturales. Ce n'est quen 1978 qu'il fut attiré par la poterie traditionnelle. Cette année là, le céramiste Tokuro Kato, une icône japonaise qui œuvra pour la renaissance des poteries de style Momoyama, vint voir la première exposition de Yamada.

Kato, qui avait 80 ans à l'époque, compris que le jeune Yamada avait beaucoup de talent et de potentiel et l'invita Yamada pour boire le thé. Ils prirent le thé dans un vieux bol Shino. Yamada fut surpris par la force dégagée par ce bol à thé ancien. Il se rendit compte que la comparaison entre le contemporain et le traditionnel était superflue et qu'un bol à thé tire sa force de la poterie.

Depuis cette date, Kato devint le mentor de Yamada et les deux, développaient une forte amitié et ce, jusqu'à la mort de Kato en 1985. Yamada partage une partie de la philosophie de Kato sur les traditions. Les deux ne cherchaient pas à imiter les anciennes poteries Momoyama, mais voulaient créer des objet actuels, dans le respect des traditions. Leurs bols à thé de styles Shino, Oribe, Seto-Guro (Seto noir ) sont l'unique expression de leur sens artistique. Yamada est incontestablement l'un des meilleurs céramistes qui a choisit de consacrer sa vie à faire perdurer cette tradition.

 

 

Construction d'un four de type tunnel (Anagama)

 

 

Les fondations sont faites sur un lit de sable

 

Réalisation d'une armature de soutien en bambou

 

Réalisation d'un plaquage en planches de pin

 

Le plaquage est terminé

 

Le four est fuselé comme un bateau

 

Montage de la voute du four

 

 

Détail sur l'armature de soutien en bambou

 

Elévation de la voute

 

Finition de la clé de voute

 

La cheminée du four

 

La voute est terminée, il ne reste que la porte

 

Le four est enduit d'argile réfractaire,

la porte sera condamnée pour la cuisson

 

Trous d'évent permettant d'insuffler de l'air dans le four

 

 

Les assistants surveillent le feu, afin de maintenir le bonne température

 

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