RETOUR PAGES JAPON

 

LE BUNRAKU : L'ART DES MARIONNETTES JAPONAISES

 

Qu'est-ce que le Bunraku?

Le Bunraku est l'art du théâtre de marionnettes traditionnel japonais créé, il y a plus de 300 ans. Le théâtre Bunraku est un art de la scène de haut niveau, qui met en scènes des marionnettes traditionnelles Japonaises, dont le Japon peut être très fiers.

Vous pouvez penser que le spectacle est difficile à comprendre pour pouvoir l'apprécier et que le prix des billets est inaccessible ? Eh bien, cela vaut vraiment la peine de voir un spectacle de Bunraku, au moins une fois dans sa vie. C'est un divertissement étonnant qui brosse instantanément, le portrait de tous les types de caractères et de personnages, dans des situations familières. Écoutez l'émotion unique que procure le récit du Tayu (Le narrateur) et les airs enjoués du Shamisen (Un instrument à trois cordes) qui produit des sons puissants et doux en fonction de la narration .

 

Le Bunraku, théatre de marionnettes traditionnelles japonaises  

 

À l'origine, Bunraku était le nom du théâtre où ces marionnettes étaient utilisées, mais petit à petit, ce nom propre est devenu un nom commun, désignant l'art lui-même et est aujourd'hui utilisé comme nom officiel pour désigner les théâtres de marionnettes.

 

 

L'art du théâtre de marionnettes fut connu sous le nom de "Bunraku" vers la fin de l'ère Meiji (1868-1912). Jusqu'à cette époque-là, cet art était connu sous le nom d' "Ayatsuri joruri Shibai" (Marionnettes Joruri pour jouer) ou Ningyo joruri, ou "Marionnettes pour le récit de drame. "

Maintenant, le Joruri est un type de musique jouée avec le Shamisen, ce nom provient du fait que les spectacles de marionnettes étaient au départ faits pour accompagner la musique Joruri. La renommée mondiale du Bunraku découle non seulement de sa haute qualité artistique, mais aussi de par ses difficultés techniques, de la grande qualité de sa musique Joruri et de la façon unique de manipuler les marionnettes. Chaque marionnette nécessite trois marionnettistes pour la faire vivre.

 

 

Il existe partout dans le monde un certain nombre de sortes de théâtre de marionnettes qui mettent en scènes, des histoires, mythiques et légendaires. Mais, il n'y en a aucun qui nécessite une journée entière, pour développer son long déroulement dramatique. En outre, dans la plupart des théâtres de marionnettes du monde, tout est fait pour cacher au public, les marionnettistes. Il existe plusieurs méthodes pour les manipuler : des marionnettes suspendues avec des chaînes attachées au plafond, en bougeant les doigts de la main enfilée dans une marionnette et des marionnettes en ombres chinoises sur un écran.

Mais dans le Bunraku, les manipulateurs apparaissent ouvertement, à la vue du public. Se sont ces deux caractéristiques, qui le rendent tout à fait différent des autres traditions de théâtre de marionnettes du monde entier. Et c'est peut être pour cette raison que le Bunraku est considéré comme l'art des marionnettes le plus abouti du théâtre mondial.

 

 

En 2003, l'art de marionnettes traditionnel japonais du Bunraku fut ajouté à la liste du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO comme un chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité.

 

 

L'HISTOIRE DU BUNRAKU

Considérons d'abord l'histoire de ce que l'on pourrait appeler les deux piliers du Bunraku : le Joruri et le Joruri Gidayu-bushi, ou le chant narratif Joruri. Le Gidayu-bushi, comme son nom l'indique fut créé par Takemoto Gidayu (1651-1724) et est une forme particulière de musique vocale.

Au Japon, depuis les temps anciens, la musique vocale était divisée en deux catégories : le Utai (Le chant) et le Katari (La récitation et le chant). En bref, la différence entre les deux, est que l'Utai possèdait des mélodies précises, des rythmes et un tempo, tandis que l'objectif principal du Katari était d'expliquer l'intrigue. Le Katari prit le style des chants d'Heikyoku qui accompagnaient les contes d'Heike. Ces chants étaient accompagnés avec un biwa (Un instrument qui ressemble à un luth) et sont considérés comme étant à l'origine des arts narratifs utilisés pour raconter une histoire. A l'époque où l'Heikyoku était très populaire, les artistes se tournèrent vers d'autres sources d'inspiration que les Contes d'Heike et parmi eux, ceux qui étaient devenus célèbres comme interprètes de Joruri, se firent remarqués.

 

Entrée d'un théatre de Bunraku

 

Personne ne connait exactement les débuts du Joruri, mais il est vraisemblable qu'il commença, vers le milieu de la période Muromachi (Environ fin du 15éme siècle). Le nom Joruri dérive d'une histoire médiévale "Le conte de la princesse Joruri et des douze Divinités protectrices". Du fait que cet art devint si populaire, il fut utilisé pour chanter d'autres contes, mais à cause de son association avec "Le conte de la princesse Joruri", il conserva cette forme de chant sous le nom de Joruri.

Au Japon, aux environs de la moitié du 16éme siècle, le Sanshin fut introduit à partir du royaume Ryukyuan d'Okinawa et plus tard, fut adapté pour le Shamisen (Sorte de banjo à trois cordes) qui fut utilisé dans les spectacles. Cela obligea le Joruri à faire de rapides progrès musicaux. C'est à la fin du 16éme siècle que cette musique avec le Shamisen fut d'abord utilisée dans les théâtres de marionnettes à mains.

A l'origine, l'art du Joruri se développa dans l'ouest du Japon, principalement à Kyoto et par la suite à Edo (l'ancien nom de Tokyo). Au milieu du 17éme siècle, des dizaines d'écoles de Joruri furent créés. Parmi elles, le Gidayu-bushi, une version plus colorée du Takemoto Gidayu, emprunta des techniques à différentes écoles et devint extrêmement populaire.

 

Estampe de Bunraku

 

En 1684, le Takemoto Gidayu créa le théâtre Takemoto-za dans le district Dotonbori d'Osaka et s'est associé au très célèbre dramaturge Chikamatsu Monzaemon (1653-1724). Ce théâtre joua principalement ses œuvres. Depuis ce temps, toutes les autres écoles de Joruri, qui avaient fleuri, commencèrent à décliner dans la mesure où le Gidayu-bushi était assimilé au Joruri.

Les pièces étaient divisées en deux catégories : celles sur les classes nobles et les militaires "Jidai-mono" (Drames historiques) et celles basées sur les conditions de vie des habitants de la ville "Sewa-mono" (Drames familiaux). Chikamatsu Monzaemon consacra son énergie à dépeindre avec précision et de façon frappante les situations dans lesquelles les gens retrouvaient. Et en 1703, il publia son œuvre la plus célèbre, le "Sonezaki Shinju", ou "L'Amour-suicide à Sonezaki". Les principaux sujets de tous ses drames familiaux, furent important non seulement historiquement parlant, mais aussi pour leur excellent contenu littéraire.

La première représentation de "L'Amour-suicide à Sonezaki" causa un autre incident important. L'un des apprentis du Gidayu, Toyotake Wakadayu, qui possédait une belle voix et était très populaire, quitta le Takemoto-za et créa son propre théâtre, le Toyotake-za, dans le même district du Dotonbori. Il avait nommé Tatsumatsu Hachirobei, manipulateur en chef de Takemoto-za de marionnettes féminines. Certains disaient que c'était le meilleur du pays et un homme d'affaires avisé. Il hébergea aussi, Ki no Kaion, qui fut l'auteur principal des Toyotake-za, ce dramaturge prit tant de peine à rédiger le contenu de ses Joruri, mais tenant compte des divers aspects de la scène du Toyotake-za, devint rapidement un redoutable rival du Takemoto-za.

 

 

Le fait que ces deux théâtres se disputèrent pour devenir le premier style de théâtre du Japon, popularisa encore plus leur art. C'était l'âge d'or des théâtres de marionnette Joruri, souvent appelé "l'âge du Chikuho" (Chiku est une autre façon de lire le mot Take et Ho le mot Toyo). Mais la gloire du théâtre de marionnettes atteignit son apogée pendant les trois années comprises entre 1746 et 1748. Avec le trio composé de Namiki Senryu, de Miyoshi Shoraku et de Takeda Izumo, le théâtre Takemoto-za jouait chaque année, ce qui devint un des trois classiques du théâtre Bunraku : Sugawara Denju Te-Narai Kagami (Le Secret de la calligraphie de Sugawara), Yoshitsune Senbon -zakura (Yoshitsune et les Mille Cerisiers) et Kanadehon Chushingura (Le Trésor des loyaux serviteurs).

Aujourd'hui encore, ces pièces sont beaucoup plus jouées que les autres. Cependant, comme la popularité du théâtre de marionnettes commença à décliner pendant la seconde moitié du 18éme siècle, les Takemoto-za et les Toyotake-za furent ruinés. Plus tard, le théâtre de marionnettes continua à être pratiqués dans l'enceinte des sanctuaires et des temples, ainsi que sous la forme de vaudeville dans les salles de spectacles (Yose), et petit à petit quelques Maitres marionnettistes continuèrent à perpétrer cet art reçu en héritage et le perfectionnèrent aux prix de grands efforts.

On pense que l'histoire des "Marionnettes Japonaises" remonte assez loin dans le temps, tout du moins, à la période Heian (784-1185). Un groupe d'artistes voyagea partout dans le pays comme "Manipulateurs de marionnettes." Ces artistes itinérants furent connus sous les deux noms de Kairaishi et de Kugutsumawashi qui signifie "Manipulateurs de marionnettes."

 

 

Vers le 13éme siècle, ces "marionnettistes" itinérants se rattachèrent à des sanctuaires et à des temples, et à la fin du 16éme siècle désormais lié au Joruri. Les marionnettistes ne se produisaient plus dans les rues, mais dans de petites salles.

Au début, il n'existait que des petites salles équipées de rideaux, derrière et par-dessus lesquels ils tenaient les marionnettes à hauteur d'épaule. Le Joruri fut également réalisé de cette manière. Les marionnettes n'avaient pas de pieds, de sorte que les opérateurs devaient, mettre leurs mains dans les ourlets des vêtements des marionnettes pour faire leurs "pieds" et les faire se déplacer. Mais les poupées avaient des mains et des bras mobiles, qui pouvaient être manipulés pour effectuer des mouvements simples. C'est à peu près à ce moment là, que le Takemoto-za fut ouvert.

Les marionnettes étaient de petite taille et animées par un seul manipulateur. Mais au fil du temps, des améliorations techniques furent apportées, de sorte qu'en 1734, une nouvelle méthode d'animation, nécessitant trois manipulateurs par marionnette fut crée. Deux ans plus tard, la taille des poupées fut doublée, atteignant une taille proche de la taille utilisée aujourd'hui (Ce qui représente environ 2/3 de la hauteur moyenne d'une personne). La scène fut changée à peu près au même moment, afin de tenir compte des trois manipulateurs.

 

 

Après l'effondrement du Takemoto-za et des théâtres de marionnettes Toyotake-za, une petite salle de Joruri fut ouverte près du Pont Kozu à Osaka. Cette salle fut transférée en 1811 dans l'enceinte du sanctuaire d'Inari, dont Uemura Bunrakuken en était le propriétaire. Et ce ne fut qu'en 1872, après avoir été transféré à Matsushima, que cette salle devint officiellement connue sous le nom de Bunraku-za.

Peu de temps après, en 1884, le Hikoroku-za fut fondé dans l'enceinte du sanctuaire d'Inari et devint concurrent du Bunraku-za, qui lui, avait déménagé dans la zone de Goryo à Osaka. Tout comme dans les jours qui suivirent " l'Age du Chikuho", le théâtre de marionnettes redevint très populaire. Bien que l'Hikoroku-za fût fermé en 1893, le Goryo Bunraku-za prospéra et devint le principal théâtre de marionnettes.

L'origine du nom Bunraku, "L'art des marionnettes", provient du nom du théâtre. En 1909, le style du théâtre Bunraku passa de la famille des Uemura, à la famille des Shochiku (l'industrie du divertissement). Le Goryo Bunraku-za brûla complètement en 1926, puis en 1930, un nouveau Bunraku-za fut construit près de Yotsubashi. Les raids aériens avaient détruits les théâtres et ils furent tous reconstruits après la Seconde Guerre mondiale, le tout premier fut le Yotsubashi Bunraku-za.

C'est parce que le Bunraku fut non seulement très célèbre à Osaka, mais aussi un art traditionnel de renommée mondiale qui devait être à tous prix, préservé.

 

 

C'est en 1955, que le gouvernement reconnut l'art du Bunraku comme un Bien culturel immatériel important (Juyo mukei bunkazai).

En 1963, le Bunraku quitta le contrôle du Shochiku et commença à fonctionner sous les auspices de l'Association du Bunraku.

Et en 1966, le premier Théâtre National fut construit à Tokyo, dans le quartier de Miyake-zaka. C'est à partir de ce moment là, que les représentations de Bunraku sur Tokyo furent planifiées et produites par le Théâtre National. La politique de base du Théâtre National vise à intéresser les jeunes, qui augmentent fortement le nombre des nouveaux spectateurs. Grâce aux efforts de l'Association du Bunraku, de la ville, de la préfecture d'Osaka et de l'association économique du Kansai, il fut prévu de construire un Théâtre national de Bunraku, sur sa terre de naissance, à Osaka. Ainsi, en 1984, le Théâtre national de Bunraku fut érigé.

 

 

Tout au long de sa longue histoire, le Bunraku fut confronté à de nombreux dangers qui menacèrent son existence, mais à chaque fois il fut en mesure de surmonter les obstacles avec l'aide des gens qui l'aimaient et c'est encore vrai aujourd'hui. En effet, il est la sagesse incarnée, grâce aux efforts de ceux qui ont tout fait, pour donner au Bunraku, sa superbe qualité artistique dont elle jouit aujourd'hui.

Profitez, regardez et appréciez, les charmes à couper le souffle d'une marionnette féminine animée par les marionnettistes . Les marionnettes sont pure magie ! Elles apparaissent et disparaissent ! Et peuvent aussi s'envoler ! Elles sont jolies, gracieuses , délicates, magnifiques, dynamiques et drôles.
Tous ces adjectifs et plus, décrivent une véritable performance.

 

 

LA STRUCTURE ET LA DISPOSITION DE LA SCENE

 

La scène des musiciens (Yuka)  

C'est scène auxiliaire sur lequel le Gidayu-bushi (Chant) est effectué.

La scène s'enfonce dans la zone destinée au public, au niveau de la partie avant droite des sièges. Cette scène auxiliaire est équipée d'une plate-forme tournante spéciale. C'est sur cette plate-forme tournante que le chanter et le joueur de Shamisen font leur arrivée et les emmène dans les coulisses lorsqu'ils ont finis et place les nouveaux artistes sur la scène.

 

 

 

Les parties de la scène (Tesuri) et la fosse (Funazoko)  

La scène est divisée en trois parties, connues sous le nom de "Tesuri" (Garde-corps). La zone située derrière la seconde partie s'appelle la fosse (Funazoko, Lit : cale du navire") et c'est là que les manipulateurs de marionnettes se tiennent debout. Elle est située plus bas que la scène principale. Quand les marionnettes bougent, leurs pieds se déplacent le long des garde-corps, afin de faire croire que les marionnettes marchent réellement sur le sol. Le décor (Yatai) ou toile peinte (Kakiwari) est fixé sur la cloison la plus éloignée de l'auditoire (Balustrade principale).

 

 

Les petits rideaux (Komaku) et la pièce cachée (Misuuchi)

De l'auditoire, lorsque vous regardez la scène, le côté droit s'appelle le Kamite (Scène de gauche), tandis que le côté gauche s'appelle le Shimote (Scène de droite). Les marionnettes font leur apparition, puis quittent la scène à travers de petits rideaux noirs (Komaku) par la scène de gauche et par la scène de droite.

La pièce cachée se trouve juste au-dessus des petits rideaux et est équipées de stores en bambou, qui empêchent le public de voir à l'intérieur. Dans cette pièce cachée à gauche de la scène (A droite de l'auditoire), se trouvent les jeunes chanteurs et les joueurs de Shamisen de peu d'expérience qui accompagneront les joueurs principaux. Au côté opposé, se trouvent les membres du Hayashi (Orchestre), qui jouent sur des instruments tels que des flûtes, des tambours, des tambourains et des cloches. Ils peuvent même créer des sons comme le vent, la pluie où l'écoulement d'un cours d'eau afin d'évoquer l'atmosphère de l'histoire.

 

 

 

LES MUSICIENS

 

Le Chanteur (Tayu)

Le Bunraku utilise le chant Gidayu-bushi. Les chanteurs permettent d'insuffler une âme humaine à une poupée en bois sans expression et faire transparaitre des émotions. Le chanteur (Tayu) non seulement récite le dialogue pour tous les personnages, mais décrit également les scènes et explique le contexte dans lequel l'histoire se déroule.

 

Le chanteur (Tayu)

 

Les pièces longues durent environ 90 minutes, et le nombre de personnages peut varier de seulement quelques-uns à environ quinze. Le chanteur joue de manières appropriées, toutes sortes de personnages, des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, des guerriers ou des citadins. Ce n'est donc pas une tâche facile.

En outre, son plus grand objectif est d'exprimer les réelles émotions de chacun des personnages. Quelqu'un qui écoute pour la première fois l'interprétation d'un chanteur peut être submergé par des émotions. L'expression unique du Gidayu-bushi, a le pouvoir de donner au public, une forte impression sur la personnalité des personnages. Et même si l'histoire se déroule dans l'ancien temps, notre humanité de base et les émotions humaines y sont très soigneusement dépeintes et de jeunes artistes, aujourd'hui encore, peuvent susciter les mêmes réactions de l'auditoire.

 

Le joueur de Shamisen

Il existe trois types de Shamisen: Futo-zao ("Corps épais"), Chu-zao ou Naka-zao ("Corps-moyen"), et Hoso-zao ("Corps-mince").

Comme son nom l'indique, le Shamisen Futo-zao est le plus grand des trois types de Shamisen, avec l'accordage le plus bas, raison pour laquelle il est utilisé pour le Gidayu-bushi, qui exige de chanter en respiration ventrale et produit un son très puissant. Contrairement aux autres types d'accompagnement, le Shamisen utilisé dans le Gidayu-bushi doit se jouer avec le cœur.

Comme le chanteur récitant son texte, le joueur de Shamisen accorde plus d'importance à exprimer l'ambiance de l'histoire que la musicalité intrinsèque. Il est aussi important que le joueur de Shamisen joue et ressente la musique de la pièce avec son "Cœur" et permettre ainsi d'aider le chanteur dans sa narration.

 

Joueur de Shamisen

 

Mais même s'il produit des sons d'une exceptionnelle beauté, qui nous permettent d'écouter la musique jouée avec le grand plectre (Palette en bois servant à jouer du Shamisen), le Shamisen Futo-zao produit une musique dont le ressenti est tout à fait différent du Joruri et n'est pas approprié pour le Gidayu Shamisen.

C'est pour cette raison, qu'idéalement, l'esprit du joueur de Shamisen ne doit faire qu'un avec celui du chanteur. Contrairement à la narration de l'histoire par le chanteur, qui est exprimé à travers des mots, le jeu du Shamisen nécessite des techniques extrêmement difficiles, pour permettre au joueur d'exprimer des émotions humaines à travers une seule couleur tonale. C'est pourquoi, une personne qui écoute pour la première fois un Maître de Shamisen ne peut s'empêcher de ressentir une intense émotion.

 

 

L'Hayashi (orchestre)

Caché derrière des rideaux de bambou à droite de la scène, dans une pièce surélevée, se trouve parfois un petit orchestre, chargé de donner l'anbiance générale de la scène. Les mélodies évoquent ainsi les saisons et la météorologie adaptés à chaque pièce ou peuvent faire référence à d'autres thèmes célèbres. Les instruments les plus utilisés sont des flûtes, en particulier le Shakuhachi, le Koto (Cithare) et surtout une vaste gamme de percussions.

 

 

LES MARIONNETTISTES

Les marionnettes du Bunraku sont différentes de toutes les autres marionnettes du monde entier, parce qu'elles exigent 3 marionnettistes pour être manipulées.

Les trois marionnettistes sont les suivants :

l'Omo-zukai, ou "Marionnettiste de la tête", qui anime la tête de la marionnette, ainsi que son visage en tenant un bâton équipé de leviers avec sa main gauche et sa main droite.

L'Hidari-zukai, ou "Marionnettiste de la partie gauche", qui utilise sa main droite pour animer la main gauche de la marionnette.

L'ashi-zukai, ou "Marionnettiste des pieds", qui utilise ses deux mains pour réaliser les mouvements des jambes et des pieds de la marionnette.

Ainsi, si ces trois marionnettistes ne travaillent pas tous ensemble en parfaite harmonie, les mouvements de la marionnette ne seront pas naturels et sembleront désincarnés, sans que la marionnette prenne vie. La main gauche du "marionnettiste de la tête", supporte tout le poids de la lourde marionnette. C'est comme si c'était sa colonne vertébrale de la marionnette et c'est avec sa main gauche et qu'il insuffle en premier le souffle de vie.

 

 

La formation pour devenir marionnettiste commence par la gestion des pieds, puis de la main gauche et enfin par la tête et la main droite. Dans les temps anciens, une très longue période d'apprentissage était requise, il fallait compter : "Dix ans pour les pieds et dix ans pour la main gauche."

Afin d'aider le "Marionnettiste de la partie gauche" à conserver une position plus confortable, le "Marionnettiste de la tête" porte des chaussures spéciales connues sous le nom de "Geta de scène" ou de "Geta surélevées."

 

Geta surélevées utilisées par les marionnettistes

 

Les grandes marionnettes peuvent mesurer jusqu'à 1 m 50 de hauteur, tandis que les plus petites ne mesurent qu'environ 1 m 30, de sorte qu'en fonction de la taille de la marionnette, la hauteur des sabots surélevés utilisés peut varier de 20 à 50 cm .

 

Yoshida Bungoro, Maitre marionnettiste

 

Lorsqu'une poupée est actionnée par trois marionnettistes, ils apparaissent sur scène avec la marionnette. Et surtout, ils gênent la bonne visualisation de la pièce. Par conséquent, le concept des Kurogo (Lit. "Robes noires", se réfère à des marionnettistes, vêtus de robes noires et de couvre-chefs noirs) est apparu. A l'origine, la couleur noire signifie le "néant/rien", de sorte que le Bunraku adapta ce concept de "néant/rien" pour vêtir les marionnettistes de robes noires, de ce fait, ils ne peuvent pas être vus, car il n'y a "rien que le néant". Toutefois, lors des grandes représentations et pour que le spectacle soit complet, le public exige de voir qui actionne la marionnette.

 

 

Par conséquent, l'idée du De-zukai (Un marionnettiste qui est visible par le public et dont le visage est découvert) a également été adoptée.

Bien sûr, dans presque tous les cas, il y a un marionnettiste en chef qui n'est pas en noir, mais vêtu d'un Kimono marqué du blason de son clan "Montsuki" et d'un "Hakama".

Et pour les spectacles, peut aussi porter un Hakama spécial et un gilet à larges épaules (Kataginu).

La chose la plus fascinante dans le Bunraku, réside dans le fait que les marionnettes paraissent se déplacer librement comme les humains et semblent réellement être vivantes. Les trois marionnettistes ne font plus qu'un avec la marionnette pour l'animer et doivent également unir leurs cœur en un seul et de travailler avec le chanteur et le joueur de Shamisen. C'est un grand travail d'ensemble qui de par se beauté, génère une réelle émotion.

 

LES MARIONNETTES

 

Le mécanisme des marionnettes  

Les têtes des marionnettes sont en bois sculpté, creuses et équipées d'un manche spécial, servant de poignée (Dogushi), placé dans un trou au milieu des deux épaules. C'est principalement avec ce bâton que le marionnettiste manipule la marionnette.

 

Le mécanisme, sans la tête

d'une marionnette

 

Le cadre qui sert de corps à la marionnette est habillée de morceaux de tissus, sur le devant et dans le dos, qui sont fixés sur le cadre en bambou, c'est un mécanisme très simple. Des éponges sont fixées à chaque extrémité du cadre en bambou pour créer l'arrondi des épaules. 

 

Le buste et la tête d'une marionnette

 

Le buste, le costume et la tête d'une marionnette

 

Le marionnettiste nous montre ici, comment la main

est inserrée dans le buste de la marionnette

 

Une longue armature en bois (Sashigane) est attachée à la main gauche de la marionnette, celle-ci permet au "Marionnettiste de la partie gauche" de faire fonctionner le bras et la main gauche de la marionnette.

 

 

Planches des différentes parties d'une marionnette

 

Les bras et les jambes sont chacun fixés séparément au cadre de bambou par des cordes. Mais, en règle générale, les marionnettes femmes ne possèdent pas de jambes et ce sont les pieds et les poings des marionnettistes qui, placés dans le bas de la robe de la marionnette, donne l'illusion que se sont ces pieds qui la font se déplacer.

Des bras de marionnettes

 

Les mains et articulations d'une marionnette

 

 

La tête des marionnettes

Les têtes (Kashira) des marionnettes du Bunraku sont divisées deux parties, les hommes et les femmes, puis classées en catégories selon l'âge, le rang (La classe sociale), les traits de personnalité distinctifs du rôle pour lesquels elles sont prévues et ont toutes des noms spécifiques reflétant leurs caractéristiques particulières . Si le jeu est différent, mais que le type de caractère est le même, la même tête peut être utilisée pour interpréter des personnages possédant des caractères différents dans d'autres pièces. 

 

Collection de têtes de marionnettes de Bunraku

 

Parfois, afin de correspondre au mieux au caractère de la marionnette, elles sont repeintes afin de leurs donner le bon teint, leurs perruques sont changées. Les têtes peuvent maintenant être utilisées pour jouer un autre rôle. Un certain nombre de têtes sont spécifiques pour l'interprétation de certains rôles et il y en a plusieurs qui sont utilisées pour interpréter les rôles d'enfants et les nombreux autres caractères. Elles sont liées à un seul marionnettiste, le "Ningyo-tsume".

 

Remarquez l'expression des visages

 

L'ensemble des têtes sont de la responsabilité du "Maître des têtes" (Kashira tanto), qui les prépare et les repeint avant chaque spectacle.

 

Le "Maitre des têtes" repeint les têtes entre chaque spectacle

 

Depuis le jour où une pièce est choisie pour le prochain spectacle , les personnes en coulisses sont très occupées. Quand le script et les rôles sont validés , les Kashira (Les têtes) sont affectées pour chaque personnage . Chaque Kashira sera animée par un marionnettiste en chef.

Dans la " Kashira - beya (Chambre pour stocker les têtes ), le Kashira - garari (Personnel chargé des têtes ) réparent, repeignent et maquillent toutes les têtes. Tous les 20 ans, une campagne de réparation à grande échelle est réalisée sur toutes les têtes. Elle per met de corriger les défauts du bois, de repeindre les anciennes têtes et de peindre les nouvelles. Ils regardent attentivement et entièrement les têtes, de droite à gauche, de haut en bas, sous tous les angles. Il y a donc des marionnettes qui ont plus de 100 ans !

 

Collection de Kashira (têtes)

En outre, un autre aspect important de son travail, consiste en une vérification soigneusement effectuée, des cordes et des leviers qui contrôlent les mouvements des yeux et de la bouche. Si au cours de son inspection, il trouve des problèmes, il doit les corriger tout de suite.

 

Fabrication d'une tête

 

Il faut d'abord dessiner sur le bloc de boid, puis le sculpter

 

Puis c'est au tour de l'intérieur d'être sculpter. Ensuite on y insère les yeux et on y peint des incantations magiques

 

Une fois le travail contrôlé, la tête est peinte

 

 

 

Le mécanisme des têtes de marionnettes

Les mouvements des yeux, des sourcils et de la bouche des marionnettes sont réalisés par le "Marionnettiste de tête", qui déplace les doigts de sa main gauche sur les leviers fixés sur le Dogushi (Bâton servant de cou de la poupée). S'il bouge le levier qui est attaché à la tête avec des cordes de Shamisen, il peut être faire hocher la tête de la marionnette de haut en bas, en même temps que la musique du Shamisen.

 

Une tête avec ses commandes de mouvements et son mécanisme interne

 

Pour être réalisé, ce mouvement fait également appel à un système spécifique, le "Bane" (Printemps), qui est confectionné à partir de fanons de baleine.

 

 

Les perruques des marionnettes

Les perruques du Bunraku porte le nom de "Kazura" et il en existe plusieurs styles, dont certains fondamentaux, qui sont choisies en fonction du personnage qui sera utilisé. C'est le travail des "Tokoyama" (Maîtres perruquiers), de créer et de coudre une perruque appropriée (Keppatsu) pour chaque rôle, basé sur ces modèles fondamentaux. Ils réalisent toutes les étapes de fabrication, de la mise en place les cheveux , y compris le montage des accessoires pour cheveux .

 

 

Le Tokoyama ne se contente pas de suivre les modèles et le styles de perruques, mais doit également les fabriquer en attachant et en tressant des cheveux sur une plaque de cuivre. puis ,coudre l'ensemble sur cette base. Tous les styles de coiffures et d'accessoires pour cheveux sont créés et choisis en fonction de l'interprétation et de l'âge de la marionnette .

 

 

Les cheveux utilisés sont principalement des cheveux humains, mais parfois, et afin de créer une illusion de volume, les poils de queue de yak sont aussi utilisés.

 

Une tête terminée avec des accessoires à cheveux

 

Une fois la perruque terminée, elle est ensuite soigneusement placée et solidement attachée sur la tête.

Pour la création d'une coiffure spéciale, il n'utilise pas d'huile, et ce, afin d'éviter de salir le visage, il utilise uniquement de l'eau et la cire d'abeille (Bintsuke).

 

 

Les costumes de marionnettes

Les costumes des marionnettes se composent d'une sous veste (Juban), d'un Kimono (Kitsuke), d'une veste qui se porte par-dessus le Kimono (Haori) ou Kimono de cérémonie (Uchikake), d'un col (Eri) et d'une ceinture (Obi).

Ils possèdent des ouvertures à l'arrière, de telle sorte que le marionnettiste puisse insérer ses mains et sont plus petits que les costumes pour les humains.

 

Costumes de marionnettes dans les coulisses

L'Isho - gakari (Costumier) crée les costumes, de la teinture, à la couture. Chaque opération est faite à la main. 70 à 80 poupées peuvent être utilisées pour jouer une pièce. L'Isho - gakari réalise aussi les modifications des costumes, comme mettre un peu de coton dans le costume afin de donner plus de volume. Ils préparent également tous les accessoires d'habillement, tels que les Obi (Ceintures) et les Obijime (Bandes pour Obi ).

De la scène, à l'art du costume, ils consacrent une grande partie de leur temps au spectacle. Tout n'est qu'art et technique !

Afin de donner une sensation de douceur aux corps des poupées, les costumes sont légèrement rembourrées avec du coton. Les costumes des marionnettes ont un trou dans le dos, qui permet aux marionnettistes, de les manipuler.

 

L'Isho - gakari, "Maitre des costumes"

Pour chaque spectacle, les "Maîtres des costumes" choisissent les costumes qui seront utilisés pour chaque marionnette, parmi une grande collection de différentes modèles, de différentes couleurs et formes. L'ensemble des costumes qu'ils ont choisi sera ensuite donné aux marionnettistes. Puis, les marionnettistes, prennent part à ce qu'on appelle le Koshirae, ou l'habillage des marionnettes. Parce qu'ils sont utilisés sur la scène, les costumes perdent leurs couleurs vives, se salissent et s'usent à certains endroits. Par conséquent, il faut constamment les entretenir et les réparer.

La préparation de nouveaux costumes pour les personnages d'une nouvelle pièce, est une autre tâche très importante pour les "Maîtres des costumes".

Le Maitre des costumes

habille une marionnette

 

 

Les divers accessoires

Les accessoires du Bunraku incluent des petits objets tenus à la main ou attachés aux corps des marionnettes, tels que les sabres ou un mouchoir en forme de Tenugui, ainsi que des objets plus grands, tels que des meubles ou des lampes.

Il existe aussi un certain nombre d'objets jetables, tels que les lettres qui seront déchirées et jetés, avec de nombreux autres.

 

Petits accessoires pour les marionnettes

 

Tous les accessoires utiles au jeu sont de petite taille, afin de correspondre à la taille des marionnettes. Pourtant, les types d'éventails utilisés sont de la même taille que ceux utilisés par les humains, et qui curieusement ne semble pas choquer.

Les accessoiristes préparent tous les petits accessoires qui seront utilisés pour chaque spectacle. Ils réparent ceux qui sont malmenés et en créent aussi de nouveaux sur commande.

Lorsque le spectacle commence, ils sont apportés des vestiaires sur la scène par les jeunes marionnettistes, qui ensuite les remettent aux marionnettistes qui animeront les marionnettes pendant le spectacle.

 

RETOUR PAGES JAPON